pour accéder directement au dico
http://www.scoplepave.org/archives/ledico/
Pourquoi ce dictionnaire ?
...En 1968, un philosophe aujourd’hui oublié, Herbert Marcuse, nous mettait en garde : nous ne pourrions bientôt plus critiquer efficacement le capitalisme, parce que nous n’aurions bientôt plus de mots pour le désigner négativement.
30 ans plus tard, le capitalisme s’appelle développement?, la domination s’appelle partenariat?, l’exploitation s’appelle gestion des ressources humaines, et l’aliénation s’appelle projet?. Des mots qui ne permettent plus de penser la réalité, mais simplement de nous y adapter en l’approuvant à l’infini. Des « concepts opérationnels » qui nous font désirer le nouvel esprit du capitalisme, même quand nous pensons naïvement le combattre.
Notre langage est doucement fasciste, si l’on veut bien comprendre le fascisme comme l’élimination de la contradiction. Georges Orwell ne s’était pas trompé de date : nous avons failli avoir en 1984 un « ministères de l’intelligence ». Assignés à la positivités, désormais, comme le prévoyait Guy Debord : Tout ce qui est bon apparaît, tout ce qui apparaît est bon....
Ainsi, par exemple, nous sommes tous plus ou moins conscient de l’impérieuse nécessité de nous opposer à la « démarche qualité? », s’agissant de l’intervention sociale, culturelle, éducative, ou médico-sociale. Mais à moins d’avoir sérieusement approfondi la question, cette nécessité reste pour le moment au niveau d’une intuition.
Il nous semble que quelque chose ne va pas dans cette démarche. Mais comment s’opposer à la « qualité » à moins de passer pour un fou ou un saboteur ? Nous ne le pouvons pas ! A moins de dévoiler le mensonge du langage, nous sommes désormais condamnés à accepter TOUT ce qui se présente sous cette démarche.
La question stratégique qui se pose à nous est donc : « comment nous réapproprier un langage critique » qu’on nous a interdit, volé, maquillé, dont on nous a dépossédé ? De quelle manière ? cela est-il simplement possible, et à quel prix ?
Nous appelons "éducation populaire", ce travail de réappropriation, d’interrogation des évidences, et de reconquête d’une pensée critique.
PETITE BIBLIOGRAPHIE SUR LES MOTS … pour continuer
- La novlangue néo-libérale. La rhétorique du fétichisme capitaliste. Alain BIHR. Editions Page deux, collection « Cahiers libres ». 2007
- Cent mots pour résister aux sortilèges du management. Gérard LAYOLLE. Editions seuil, collection « les empêcheurs de penser en rond" 2008
- Le nouvel esprit du capitalisme. Luc Boltanski et Eve Chiapello. Gallimard. 1999
- Les nouveaux chiens de garde. Serge Halimi. Raisons d’agir. 1997
- Les évangélistes du marché. Keith Dixon. 1998
- Les nouveaux mots du pouvoir. Abécédaire critique. Sous la direction de Pascal Durand. Editions Atlan. 2007
- Le pouvoir des mots. Politique du performatif. Judith Butler. Editions Amsterdam. 2004
- La barbarie douce. La modernisation aveugle des entreprises et de l’école. Jean-Pierre Le Goff. La Découverte. 1999
- LQR. La propagande au quotidien. Eric Hazan. Raisons d’agir. 2006.
- Pas de pitié pour les gueux. Sur les théories économiques du chômage. Laurent Cordonnier. Liber. 2000
- Les Econoclastes. Petit bréviaire des idées reçues en économie. La Découverte. 2003
- Petit abécédaire de mots détournés. Nicole Malinconi. Editions Grand espace nord (Belgique). 2008
- Mots à maux. Dictionnaire de la lepénisation des esprits. Pierre Tévaian - Sylvie Tissot. Editions Dagorno. 1991
- 1984. George Orwell et Amélie Audiberti. Gallimard. 1950.
- Storytelling. La machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits. Christian Salmon. La Découverte. 2007
- Petit lexique de la langue de bois. De quelques concepts et faux repères. Thérèse Mercury. L’Harmattan. 2000
- Les mots. Jean-Paul Sartre. Gallimard. Poche. 1re édition Gallimard 1964.
- Le dictionnaire des mots rares et précieux. Editions 10/18. 2005